Moulins recherchent activement blé meunier
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« La catastrophe du volume va impacter l'amont agricole, mais en plus, on est loin du compte d'un point de vue qualitatif et on n'en a pas encore pris toute la mesure », s'alarme Lionel Deloingce, président de l'ANMF, évoquant en premier lieu le poids spécifique. Sachant qu'« en dessous de 74 kg/hl, soit 55 % de la collecte cette année, la meunerie n'est pas capable de transformer du grain en farine ».
Il y aura comme conséquence de faire des kilomètres pour s'approvisionner en blé. Tout en excluant de recourir massivement à l'importation étant donné le niveau d'engagement des meuniers dans l'origine France. « Si les OS sont capables de faire un bon travail de tri et de calibrage, et de remonter les PS à 76, les meuniers n'auront pas besoin d'importer », confirme Andrée Defois, présidente de Stratégie grains. « Les OS ont déjà mené ce travail pour différencier les blés en dessous et au-dessus de 72 de PS », reconnaît Lionel Deloingce. Même s'ils le font payer, sous la forme d'une prime qualité, qui permettrait en fait... de payer la protéine aux agriculteurs, et de ne pas tuer dans l'oeuf le plan protéines. D'ailleurs, sur ce front, si les taux de protéines sont jugés « excellents » par FranceAgriMer, ce n'est pas l'avis des amidonniers ni des meuniers qui soulignent que les protéines ne sont pas suffisamment robustes et que leur extraction se révèle difficile. Enfin, la meunerie estime, après le travail des OS, que 6 à 8 % des grains sont impropres à son process, contre 2 % maximum habituellement. « Ce qui fait beaucoup de sons et d'issues dans un marché qui s'effondre. »
Nettoyage approfondi pour limiter les petits grains, sélection de lots, augmentation du nombre d'analyses, utilisation de correctifs, rendement farine dégradé (74-75 % contre 78-80 % habituellement)... « On va être facilement à un surcoût de 20 à 30 €/t pour la meunerie », s'inquiète Lionel Deloingce. Et ce qu'il craint, c'est que ce surcoût soit très vite intégré dans le prix de marché. Déjà que la rentabilité du secteur était aujourd'hui proche de zéro... Mais finalement pas d'inquiétude à avoir sur l'approvisionnement du marché en farine. La meunerie française n'a besoin que de 5 Mt de blé par an. L'équivalent du stock de début de campagne...
Renaud Fourreaux
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